Archives mensuelles : avril 2013

La voiture versée

Descriptif technique

Pièce en quatre scènes avec quatre personnages, dont un rôle féminin.

Argument

Un galant homme raccompagne chez elle une très jolie femme ayant subi un accident de la circulation, et tente de profiter de l’occasion pour la séduire. Mais c’est un traquenard : apparaît le mari, qui lui extorque de l’argent sous la menace implicite de faire constater un adultère.

Observations

L’adultère n’étant plus un délit depuis des lustres, on a aujourd’hui quelque peine à imaginer à quel point une telle scène était crédible à l’époque.

Un élément essentiel du comique est le contraste entre la première scène, où le romantisme de pacotille ne doit pas être surjoué (il doit rester parfaitement crédible), et la troisième, où l’amant passionné est méthodiquement transformé en pitoyable gogo.

Théodore cherche des allumettes

Descriptif technique

Longue scène entre un jeune ivrogne et son vieux père. Il faut aussi quelques comparses pour jouer les voix des voisins ulcérés (qu’on ne voit pas sur scène).

Argument

Un jeune homme rentre complètement ivre chez lui, au grand scandale de l’auteur présumé de ses jours.

Observations

La pièce est aussi hilarante que l’argument est mince, c’est une des plus grandes réussites du comique de Courteline.

Sigismond

Descriptif technique

Courte scène avec quatre personnages. Rôles principaux : un adolescent et une mère poule. A côté des répliques des deux protagonistes, quelques-unes doivent être déclamées (ou, mieux, chantées) par une récitante et un chœur.

Argument

Une mère possessive et son fils sont assis aux deux bouts d’une salle d’attente pleine de monde. L’adolescent se sent ridicule d’être encore à son âge dans les jupes d’une mère poule.

Observations

Dans un vrai théâtre, ce sont vraisemblablement les spectateurs eux-mêmes qui feraient fonction de figurants.

La peur des coups

Descriptif technique

Scène unique entre deux jeunes époux, dont bien évidemment un poltron pompeux.

Argument

Au petit matin, un couple rentre du bal. Le mari est fou de rage contre sa femme, qui s’est laissée courtiser ouvertement par un officier. Il menace de se battre avec l’homme, sa femme l’en défie et l’accuse de lâcheté. Le mari se cherche une contenance en proférant des menaces de plus en plus dignes d’un matamore, à la grande hilarité de sa femme. Il ne retrouve enfin son ascendant sur elle qu’en refusant à tout jamais de recevoir sa belle-mère chez lui.

Observations

Comme souvent chez Courteline, les didascalies sont elles-mêmes pleines de verve, et leur lecture peut contribuer à l’effet comique.

Petin, Mouillarbourg et consorts

Descriptif technique

Fantaisie judiciaire en sept scènes, avec huit personnages, dont un rôle féminin (celui d’une jeune beauté légère).

Argument

Deux affaires judiciaires enlevées à toute vitesse par un juge pressé d’en finir. Dans la première, l’avocat, qui découvre le dossier en même temps qu’il le plaide, ne sait plus s’il doit accuser ou défendre, ni pour laquelle des deux parties il travaille ; au final, c’est le plaignant qui écope de prison pour outrage à magistrat. Dans la seconde affaire, un divorce, le président utilise sa fonction pour courtiser sans vergogne la jeune épouse.

Observations

Cette bouffonnerie doit être jouée à toute vitesse, pas du tout dans l’ambiance solennelle qui conviendrait pour « l’Article 330 » ou « un Client sérieux » ; le rythme d’enregistrement risque hélas d’être endommagé par la lecture des didascalies, dont on ne peut guère se passer.

L’une des plaisanteries du texte (sur le « numéro 100 », sans doute un euphémisme d’époque pour désigner un bordel) ne peut plus être comprise aujourd’hui.

Panthéon-Courcelles

Descriptif technique

Fantaisie en une scène, initialement musicale, avec deux récitants, un chœur masculin et un chœur féminin (censé être composé de vierges).

Argument

Description grandiloquente, à la façon des tragédies grecques, de la lenteur exaspérante de l’omnibus à cheval entre la place du Panthéon et le boulevard de Courcelles.

Observations

Texte assez surréaliste, court et très enlevé, qui n’a aucune peine à déclencher l’hilarité alors que son argument est vraiment très mince. Les Parisiens n’auront aucune peine à suivre le déroulé de l’histoire, sorte de road movie avant la lettre.

La paix chez soi

Descriptif technique

Dialogue entre deux époux.

Argument

Un homme, lassé d’être perpétuellement rendu fou par sa jeune épouse, et se refusant désormais à lui faire des scènes, décide de la mettre à l’amende : chaque fois qu’elle l’exaspérera, il diminuera les sommes qu’il lui donne pour entretenir le ménage. Une menace de rupture est vite suivie d’une réconciliation.

Observations

Pièce empreinte de la mentalité patriarcale de l’époque et d’une incontestable misogynie, mais non dépourvue de tendresse.

Monsieur Badin

Descriptif technique

Pièce en deux scènes avec trois acteurs masculins.

Argument

Un fonctionnaire absent de façon chronique se fait copieusement enguirlander par son chef. Pour sa défense, il lui expose les affres que lui font subir la crainte perpétuelle de sa révocation, et finit par en tirer argument pour réclamer une augmentation.

Observations

Peut-être la pièce la plus jouée de Courteline. C’est une adaptation scénique d’un chapitre de son roman « Messieurs les ronds-de-cuir ».

Lidoire

Descriptif technique

Fantaisie militaire en cinq scènes avec sept personnages (dont un rôle muet); tous les rôles sont masculins. Deux personnages principaux : jeunes hommes d’origine populaire et même paysanne, l’un des deux totalement ivre.

Argument

Un soldat de carrière est en butte à l’ineptie de ses chefs, et doit de surcroît se montrer presque maternel avec un frère d’armes totalement ivre.

Observations

Le décor (une chambrée militaire) jouant un rôle important, il n’est guère possible de se passer des didascalies à l’enregistrement.

Une lettre chargée

Descriptif technique

Scène courte avec deux personnages masculins faisant assaut de bonne éducation.

Argument

Deux hommes du monde se rencontrent à la Poste, l’un comme usager venu retirer une lettre, l’autre comme guichetier. Ce dernier se montre attaché aux règlements dans ce qu’ils ont de plus absurde, et les difficultés sont résolues en faisant appel à d’autres aspects non moins absurdes du même règlement.

Observations

La Brige est le personnage récurrent chez Courteline pour parler des absurdités juridiques ou administratives. On le retrouve dans « Hortense, couche-toi », « les Balances », et surtout il est le protagoniste dans « l’Article 330 ».